Lecture 2018-17 : « Pyromane » de Wojciech Chmielarz

Je poursuis mes lecture pour mon Prix des lecteurs – Polar/Thriller à moi et c’est le tour, cette fois, d’un auteur polonais au nom imprononçable, Wojciech Chmielarz.

Un nouvel inspecteur quasi asocial et en mal d’amour

Dans la veine des Yeruldelgger et Daniel Magne, je vous présente Jakub Mortka. Alors, lui, en matière de dépressif, il fait fort  : divorcé d’une femme qu’il aime encore, deux enfants, il se retrouve à devoir partager une colocation avec deux étudiants dont un est un petit « merdeux » joueur invétéré et mouillé avec les pires escrocs de Varsovie. A croire que pour mener une enquête, on ne peut être équilibré et heureux en amour. On ne peut pas vraiment dire que ce soit la meilleure des publicités pour rentrer dans les forces de l’ordre. Il n’y a qu’à voir la personnalité de l’acolyte aux deux visages de Mortka, Dariusz Kochan, qui justifierait à lui tout seul un nouveau roman. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Mortka et Kochan s’affrontent dans le prochain opus de l’auteur ou on ne comprendrait pas la raison d’insister autant sur le personnage d’Ania, l’épouse de Kochan.

Des incendies en cascade

Comme le titre l’indique, notre suspect n°1 est ici un pyromane dont on suit l’état d’esprit tout au long de l’intrigue à travers ses confidences ou monologues intérieurs (apparemment c’est la grande mode en ce moment dans le monde du polar). Mais ce cas est plus complexe qu’on ne pense car on comprend rapidement que son objectif se résume à incendier des villas mais aucunement à tuer. Chaque fois que cela arrive, on le sent déstabilisé et vulnérable et pourtant, il recommence. Paradoxal, non ? C’est là que l’intrigue se révèle intéressante car on finit par se poser la question de savoir si le pyromane est bien à l’origine de tous ces drames ou s’il n’est finalement qu’une marionnette employée par d’autres pour dissimuler un scénario bien plus machiavélique que cela. Voilà le dilemme auquel se retrouve confronté Mortka qui, dès qu’il semble trouver une piste, doit prendre en compte les doutes récurrents de son équipe et notamment de la psychologue profiler. On sent d’ailleurs le caractère un tant soit peu machiste de Mortka vis-à-vis de ce personnage qu’il ne prend jamais vraiment au sérieux tout au long de l’enquête.

Une vision de la femme plus que caricaturale 

Entre l’image de la star de la chanson ex-miss Beauté, la pyschologue potiche, la femme battue, l’ex colérique qui ne tarde pas à aller compter fleurette ailleurs, on ne peut pas vraiment dire que ce roman soit un roman en faveur des femmes. Doit-on y voir simplement une image de la femme dans les pays de l’Est ou, ce qui pourrait s’avérer plus grave, l’idée classique que le polar est une affaire d’hommes avant tout ?

Petite demande à l’auteur pour la prochaine fois

Ayez pitié des lecteurs non polonais dans le choix des noms de vos personnages qui sont non seulement imprononçables (bon ! après tout, on lit un auteur polonais donc tant pis pour nous) mais, parfois, tellement proches les uns des autres qu’on se mélange les pinceaux et qu’on passe son temps à se demander qui est qui en feuilletant désespérément les pages précédentes.

En résumé, pas vraiment de coup de cœur pour ce roman qui se contente de jouer avec les passages imposés d’un bon polar traditionnel sans trouver vraiment sa propre originalité. La fin est, toutefois, bien pensée. Le cas Kochan met tout de même mal à l’aise même si on peut s’imaginer qu’il devrait être réglé rapidement car sinon, cela ferait tache.

 

Après 7 lectures, voici mon classement pour le Prix de Lecteurs du Livre de poche – Polar/Thriller 2018 :

1- Ne prononcez jamais leurs noms de Jacques Saussay

2- La Mort nomade de Ian Manook

3- Derrière les portes de B.A. Paris

4- Sans même un adieu de Robert Goddard

5- Toxique de Niko Tackian

6- Pyromane de Wojciech Chmielarz

7- Les Larmes noires sur la terre de Sandrine Collette

 

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