Lecture 2019-41 : « Plus jamais » de James Patterson et Candice Fox

Et voilà, le nouveau James Patterson est arrivé. Un grand merci aux Editions de l’Archipel pour cet envoi. Comme ses prédécesseurs, il se dévore en quelques heures mais le soufflé, pour ma part, a eu tendance a légèrement retomber en fin de course cette fois-ci. Cela ne constituera pas, pour autant, un motif de rupture entre moi et James pour « différends irréconciliables » mais il va falloir que le Jimmy se tienne sur ses gardes et fasse un effort pour le suivant.

Un soldat, un désert, une chasse à l’homme…

Trois étudiantes australiennes, toutes de jolies brunes, découvertes sans vie le long des rives boueuses de la Georges River. Des meurtres perpétrés à trente jours d’intervalle précisément, avec une violence inouïe.

Le soulagement est général quand leur meurtrier est enfin arrêté. Sauf pour Harriet Blue, de la brigade des délits sexuels de Sydney. Le monstre n’est autre que son frère !

Pour éviter tout déchaînement médiatique, son chef décide d’éloigner Harriet pendant quelque temps. Aussi l’envoie-t-il enquêter sur une mort inexpliquée en plein désert, dans la région minière de Kalgoorlie.

Au cœur de ce territoire hostile, où il est si facile de disparaître sans laisser de traces, la jeune inspectrice n’imagine pas à quel point le danger est proche…

Un Patterson en petite forme

Ne vous fiez surtout pas à la quatrième de couverture car la question du frère accusé d’un triple crime s’avère n’être qu’un prétexte pour amener le personnage d’Harriet Blue sur la véritable affaire qui va faire l’objet de l’intrigue. Peut-être que ce dossier familial sera au centre d’un prochain roman ? La fin du roman pourrait d’ailleurs nous le laisser penser. Si tel n’était pas le cas, on dirait alors que c’est là que le bât blesse dans ce nouvel opus que j’ai trouvé moins « crédible » que les précédents.

Alors oui ! Bien sûr ! On retrouve tout ce qui fait la marque de fabrique de James Patterson : une intrigue totalement maîtrisée, une rythme effréné (peut-être même trop cette fois-ci car l’intrigue s’avère finalement un peu maigre) et facilité par des chapitres concis et efficaces. On quitte, cependant, les habituelles grandes métropoles américaines, direction le fin fond de l’Australie dans le « Never never » (Plus jamais), là où finalement les araignées s’avèrent plus sympas que les hommes. En gros, tout un programme car l’endroit s’avère parfaitement propice à un excellent thriller. On retrouve ici le poncif du lieu où l’on peut tuer en silence sans que personne ne s’en rende compte, et c’est effectivement ce qui va se passer avec ce personnage, surnommé par les auteurs « Le Soldat », qui s’amuse à chasser ses proies en leur lançant des défis dont il sait à l’avance qu’ils ne pourront pas les relever. Il peut alors se consacrer à son passe-temps favori, la « chasse au lapin » sauf qu’ici, le lapin a deux jambes. On notera quand même le sadisme particulier de ce serial killer lorsqu’il se retrouve juché sur un camion avec un couteau.

Du fait de sa localisation au milieu de nulle part, le roman se transforme rapidement en une sorte de huis-clos angoissant où Harriet Blue se retrouve prise au piège, malgré elle, dans cette exploitation minière. En effet, on comprend rapidement que Le Soldat voit en elle l’adversaire rêvé et espéré depuis fort longtemps car la Harriet a du tempérament et, si elle était un homme, on dirait qu’elle en a. Déterminée, têtue, pas forcément aimable mais soucieuse de bien faire, ce personnage pourrait donner des leçons aux meilleurs policiers du genre, même si on sent que son obsession de résoudre au plus vite cette énigme est égoïstement motivée par son désir de repartir auprès de son frère dont elle ne peut croire à la culpabilité. On regrettera, toutefois, que le côté un peu hommasse d’Harriet soit encore une fois contrebalancé par la sempiternelle incapacité de l’héroïne à aimer et à se faire aimer. Ce ressort me semble toujours beaucoup trop facile dans les polars, à croire qu’une femme flic ne peut être féminine et au clair avec son moi émotionnel. C’est tout de même un peu facile et, par conséquent, un peu lassant.

Pour le reste, les auteurs surfent sur une thématique d’actualité qu’il ne parviennent, cependant, pas à traiter sans tomber dans l’image d’Epinal. On retrouve, en effet, la guéguerre entre les méchants capitalistes accros aux dollars et exploiteurs de la misère du monde et les défenseurs de l’environnement babas cool extrémistes (en gros, des gilets jaunes qui font du camping sauvage en plein désert). En gros, rien de bien original sous le soleil et un sujet bien trop survolé à mon avis. Quant aux motifs du serial killer, je ne dirais pas qu’ils sont irréalistes mais personnellement je n’ai pas été convaincu ou si une telle chose était possible, plus personne ne sortirait de chez lui sous peine de se faire trucider. Et je ne vous parle pas de ce que deviendrait les collèges et les lycées…

Quant à la fin, que dire ? On va l’oublier très très vite pour ne pas se fâcher avec Jimmy.

Au final, une lecture, certes, divertissante mais qui est loin d’égaler Incontrôlable que je lui ai très nettement préféré.

James Patterson et Candice Fox, Plus jamais, Editions de l’Archipel, 2019

 


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