Lecture 2018-21 : « Mon cœur en confettis » de Fanny Vandermeersch

Bon ben ça va sans doute être le billet le plus difficile à écrire pour moi depuis le début parce que ce roman, c’est celui d’une collègue (on est prof tous les deux) et d’une copine de net. Alors, on y go !

Un roman sur les problématiques adolescentes

Je dois d’abord me confesser : la littérature jeunesse, je n’y connais pas grand chose parce que je suis sans doute un prof de la vieille école et que j’aimais, quand j’étais en classe, faire découvrir à mes élèves la littérature classique que la plupart d’entre eux ne fréquentent jamais en dehors du milieu scolaire. C’est donc avec une quasi-inculture dans ce domaine que je me suis lancé dans cette lecture.

Axelle, élève de seconde, apprend la séparation de ses parents et voit la fin de son année scolaire totalement chamboulée. Entre déménagement, nouveau lycée, nouveaux camarades de classe et séparation d’avec sa meilleure amie, Inès, il y a quand même de quoi vous mettre le moral à zéro, d’autant qu’Axelle réalise que Papa et Maman avaient déjà bien anticipé les choses sur le plan sentimental. Pour preuve, Lorenzo, le nouvel ami de sa mère chez qui elles partent emménager en quatrième vitesse. Elle va alors devoir affronter plusieurs défis : accepter le nouveau compagnon de Maman (ce ne sera pas le plus difficile), se faire de nouvelles amies en évitant les petites pestes (on va dire que sur ce coup, elle ne va pas trop assurer), apprivoiser le terrible M. Pirengro (ça c’était moi en classe ! :-)) et Arthur, l’assistant d’éducation démago au possible. Mais le plus compliqué à gérer ce sera Yassine, le beau gosse du lycée qu’Axelle ne laissera pas insensible à son grand désarroi et à qui les filles en vogue du lycée n’ont pas l’intention de renoncer aussi facilement. On découvre ainsi le quotidien d’une jeune adolescente qui, en plus de l’éloignement de sa BFF compensée par des échanges quotidiens de SMS, va devoir affronter des situations pas toujours agréables. Heureusement, elle finira par trouver des alliés pour l’y aider.

Un roman frais et loin d’être bébête

Je dois reconnaître que la littérature jeunesse ne m’a jamais attirée car l’expérience que j’ai pu en avoir m’a donné l’impression que c’était trop souvent une littérature cherchant à s’adapter à un public plutôt qu’à parler de ce même public. Et quand on connaît actuellement le niveau de notre système scolaire, on comprend vite ce qu' »adapter » signifie. Ici, je dois reconnaître que Fanny Vandermeersch n’est pas tombée dans cet écueil. Elle nous raconte une histoire en recourant à un vrai style littéraire qui m’a rappelé parfois certains romans de Gilles Legardinier. On tourne les pages sans jamais s’ennuyer ni avoir l’impression de faire un affront à notre langue. Mais surtout la réussite de l’auteur consiste ici à parler de l’adolescence en experte. Oubliés la psychologie de bas étage et le désir de donner des leçons d’éducation, on observe ici une adolescente plongée dans un contexte qui parlera à bon nombre de nos jeunes et on découvre la manière dont son personnage affronte avec réalisme et courage des situations qui pourraient sembler insurmontables à leur âge. C’est sans concession car Fanny Vandermeersch malmène son héroïne et ne lui fait aucun cadeau dans le but, tout simplement, d’en extraire le meilleur.

J’ai dévoré ce livre en quelques heures et franchement, j’y ai trouvé, en toute objectivité, un véritable plaisir.

Au fait également merci pour tous les Paolo (assumés ou non assumés) de nos collèges et lycées de France. Par expérience, je pense qu’ils ont vraiment besoin de ce genre de visibilité littéraire.

Mon chouchou 

Pas de chouchou en particulier car j’ai trouvé qu’Axelle et toute sa petite « bande » d’amis s’avèrent tous, à leur façon, touchants et attachants. Les filles se pâmeront sans doute sur le physique de Yassine (j’en aurais fait autant à leur âge).

Mes têtes à claques

Alors, pour ma part, c’est le gang des russes ! Vous allez me dire : hein, quoi, des russes ? Mais y a pas de russes dans le bouquin. Ben si ! Alicia, Natasha et toutes leurs copines en -a, ça m’a fait penser à une mafia russe. D’autant que ce sont de sacrées pestes, du genre Nellie Oleson du Nord mais en moins rigolotes. Tout bon prof qui se respecte a dû supporter en classe ce genre de gamines bien chiantes qu’à la fin de chaque cours, tu aurais aimé claquer mais que t’as jamais osé parce que t’avais toujours un collègue pour te dire « Ouais, mais c’est des filles chouettes quand même » (ouais, parce qu’on a aussi des collègues bien lourdauds dans l’Education nationale). Tu parles, c’est le genre de gamines qui sèment la terreur dans les cours de récré parce qu’elles se prennent pour des princesses et à qui personne n’ose rien dire parce que « ça le fait trop pas ! ». Moi, je dis que ce sont juste des petites merdeuses, un point c’est tout. Donc merci Fanny de leur avoir réglé un peu leur compte dans ton roman.

Alors si vous voulez passer un bon moment de lecture ou offrir un chouette bouquin à votre enfant ado qui ne se sent pas trop bien dans sa peau/dans sa tête ou qui se sent bien aussi après tout, foncez chez votre libraire et hurlez en ouvrant la porte : « Je veux le dernier Fanny Vandermeersch… et tout de suite. »

Allez pour la dernière fois, un grand merci à Fanny pour cette jolie histoire et aux Editions Ravet-Anceau qui ont eu la gentillesse de m’en envoyer un exemplaire.

Fanny Vandermeersch, Mon coeur en confettis, Editions Ravet-Anceau, 2018

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Je suis très touchée par cette chronique, merci beaucoup ! J’aime beaucoup « le gang des russes » 😀

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  2. Emmeline dit :

    Très jolie chronique. 🙂

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