Lecture 2018-4 : « Les Morsures du froid » de Thomas O’Malley et Douglas Graham Purdy

Le titre était accrocheur, la quatrième de couverture annonçait un meurtrier répondant au nom évocateur de « Boucher de Boston »… Autant de bonnes raisons pour que je me précipite sur ce polar et autant de bonnes raisons pour déchanter, une fois la dernière page tournée.

Une réelle déception

Le roman commençait pourtant bien : Boston, hiver 1951, on découvre à Dorchester le corps dénudé d’une femme égorgée sur la plage.  Il s’agit de la belle-sœur d’un dénommé Dante, sorte de camé perdu pour la société et détruit par la mort de son épouse, mais dont le meilleur ami, Cal, est un flic en disgrâce pour ses méthodes pas toujours en adéquation avec celles de ses supérieurs. Les ingrédients s’avéraient de qualité et pourtant, tout retombe comme un soufflé dès les premières pages.

S’il y a une chose qu’on finit par comprendre, c’est que l’hiver à Boston, il vaut mieux éviter. La neige qui tombe, les stalagtites, les plaques de verglas et les bagnoles qui ont du mal à démarrer, il y en a légion dans ce roman… Mais passées ces considérations météorologiques, ben c’est le vide, le néant absolu… Pendant les 200 premières pages, les auteurs nous font lambiner avec des considérations psychologiques visant à nous montrer que Dante et Cal sont des pauvres types mais qu’ils n’y sont pour rien : Dante n’arrive pas à surmonter la mort de sa femme au point de coucher avec son cadavre pendant plusieurs jours avant que ne débarquent les flics pour récupérer le macchabée. Quant à Cal, c’est la seconde guerre mondiale qu’il garde gravée dans son corps mais aussi dans sa tête malgré l’amour de Lynn, son épouse. Pour résumer, pendant la première moitié du roman, on ne parle que de cela.

Puis tout s’accélère et l’intrigue se dénoue dans les 200 dernières pages à vitesse grand V et tout cela, sans que le « Boucher de Boston » n’ait vraiment un rôle à y jouer. On retrouve, pourtant, un peu d’espoir lorsqu’il enlève une prostituée à bord de son tracteur sous les yeux de Dante. Mais le serial killer demeure finalement un simple prétexte presque racoleur quand le dénouement se révèle être d’une platitude à faire peur. En somme, on nous promettait Freddy Kruger et on nous livre des problèmes d’ego de caïds de banlieue d’une banalité déconcertante.

Les têtes à claques

Pour une fois, on ne fera pas de jaloux : tous les personnages sont quasiment à claquer. Dante dont on aimerait presque qu’il nous fasse une overdose en direct au lieu de nous bassiner avec sa culpabilité et ses problèmes de cœur ; Cal qui n’arrête pas de ruminer sur ses problèmes de jeunesse non réglés ; Blackie, petite teigne qui ne peut s’empêcher de faire des cacas nerveux quand il n’obtient pas ce qu’il veut ; Foley, le politicard de base qui se permet tout mais dont ce n’est jamais la faute ; Claudia, la sœur de Dante, qui vit sa vie à travers son frère et se pose constamment en victime… Bon je m’arrête là, parce que j’ai la tension qui monte et j’ai mal aux phalanges !

En somme, un polar sans grand intérêt et dont on peut faire l’économie.

Thomas O’Malley et Douglas Graham Purdy, Les Morsures du froid,                                           Editions du Masque, 2016 (Editions 10-18, 2017)

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Mokamilla dit :

    Une lecture de saison ! Et de bonnes paires de claques à distribuer donc… 😉

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