Lecture 2018-24 : « La Maison de l’assassin » de Bernhard Aichner

Avant de donner mon avis sur ce roman, je tiens à remercier les Editions de l’Archipel qui m’en ont gentiment adressé un exemplaire au début du mois.

Une quête familiale qui vire à l’horreur

Blum, propriétaire d’une agence de pompes funèbres, découvre, alors qu’elle feuillette un magazine, un article concernant une exposition à Vienne qui va faire basculer sa vie. La photo représente le cadavre d’une femme montée sur un zèbre, femme lui ressemblant étrangement. Obnubilée par cette image, elle décide d’enquêter et finit par découvrir qu’il s’agit du corps de sa sœur, Björk, dont elle n’a aucun souvenir, d’autant qu’elle a été elle-même adoptée très jeune. Blum décide alors d’en savoir plus sur cette sœur et de se rendre en pleine Forêt Noire dans l’immense hôtel déserté d’Alfred Kaltschmied et de son fils Ingmar, la famille adoptive de Björk. Cet exil s’avérera également nécessaire pour elle car son passé de « meurtrière » par amour est en train de resurgir et il lui est nécessaire de se mettre pour un temps à l’ombre. Mais ce qu’elle va découvrir dans cet hôtel sinistre n’est-il pas pire que de se retrouver dans une vulgaire cellule carcérale ? Les pervers vont en tout cas être servis.

Un avis plus que mitigé

Il est important de signaler que ce roman est la suite du précédent de l’auteur intitulé Vengeance. Pour ma part, je ne l’ai pas lu et j’aurais tendance à penser que c’est tout de même un passage obligé sinon il est difficile de comprendre la raison pour laquelle Blum se retrouve au cœur d’une enquête policière pour meurtres. Certes, ce deuxième opus peut se lire sans cette lecture préliminaire mais cela reste handicapant pour bien comprendre la psychologie plus que fragile de l’héroïne et son rapport complexe avec sa propre famille adoptive.

Un autre problème (et qui est sans doute la raison principale pour laquelle je n’ai pas vraiment adhéré à cette intrigue) reste la perversité extrême de ses personnages. Loin d’être une vierge effarouchée en matière de polars ou de thrillers, j’ai trouvé ici le principe central du roman plus que contestable. Tout d’abord, cette exposition de cadavres organisée à Vienne et qui ne semble offusquer personne. On est dans l’exhibitionnisme extrême frisant même avec l’humiliation post-mortem, le tout justifié par le personnage de Kuhn comme une expérience artistique tout à fait respectable. Pour ma part, cela me donnerait presque envie de vomir. Idem pour le personnage d’Ingmar et son goût pour la manipulation psychologique et sa fascination pour ce qui touche à la mort. Je passe sous silence la scène quasi finale se déroulant dans le laboratoire de Kuhn et touchant presque au sadisme. C’en était trop pour moi, même si je peux comprendre que certains lecteurs puissent aimer ces extrêmes.

L’ambiance au sein de cet hôtel perdu au milieu de nulle part et rappelant à Blum sans surprise Shining (un peu trop d’ailleurs) était pourtant intéressante afin de créer un huis clos haletant et inquiétant mais voilà, l’obsession du personnage de Blum incapable de faire la paix avec ses démons d’enfance revient constamment sur la table sans qu’on perçoive la moindre solution à son problème. Et cela durera jusqu’à la fin du roman ! Cela finit par en devenir un peu monotone et un peu ennuyeux.

Le roman se lit, là n’est pas le problème, mais cette facette psychologique omniprésente du traitement des différents personnages prend le pas sur l’intrigue sans proposer d’issues pour les personnages. Certains basculent dans la folie quand d’autres la frôlent et s’en sortent comme par miracle au dernier chapitre. Cela semble presque trop facile.

Une question se pose également : qu’advient-il du pauvre Reza ? Apparemment, Blum s’en fiche comme de l’an 40 à la fin du roman. Il se retrouve pourtant un peu dans le caca… et tout cela à cause d’elle. Serait-ce le sujet du prochain opus d’Aichner ?

Pour le style, je ne suis pas trop fan de ces blocs de dialogues qui interviennent régulièrement au milieu des blocs narratifs. Cette scission entre discours et récit ne me semble guère naturelle et n’a pas facilité ma lecture.

Pour résumer, je pense lire, un de ces jours, Vengeance afin d’avoir une vision plus globale de l’intrigue et mieux comprendre le personnage de Blum mais je ne suis pas certain de lire le suivant si suite il y avait.

Bernhard Aichner, La Maison de l’assassin, Eds de l’Archipel, 2016 (Archipoche, 2018)

 

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