Lecture 2018-55 : « Goliath chat pirate » de Cécile Alix

Après avoir découvert et adoré cet été le personnage de Tarzan, j’ai décidé de me replonger dans la collection « Nos amis les sales bêtes » des Editions Poulpe fictions (que j’adore toujours autant !). Mais cette fois-ci, j’ai quitté le monde des équidés pour celui des félins dignement représenté par Goliath, le chat « super grand, super costaud [et] aussi balèze qu’un tigre« . Croyez-moi, après avoir connu Goliath, vous ne verrez plus jamais votre animal de compagnie de la même manière.

Goliath, Lou et les autres

Goliath, c’est le meilleur ami de Lou, son humaine. Ils s’aiment d’amour ces deux-là au point de se ressembler sur bien des points mais surtout sur le point essentiel : la nourriture. Pour Goliath, c’est primordial : « la boîte à froid » et le « placarabouffe » font partie intégrante de sa vie. Il a d’ailleurs de la chance car chaque fois que Lou se trouve un petit ami, il est italien. Autant dire que c’est cannelloni, ravioli et bolo à volonté quand elle est en couple. Sauf que là, le nouvel élu de son cœur, c’est Bruno qui n’a rien mais vraiment rien d’un italien. Et le comble, c’est qu’il est végétarien. Alors quand Lou décide de déménager pour aller vivre avec « l’herbivore » sur une péniche, pour Goliath, c’est le bouquet. La rébellion va devoir s’enclencher… mais n’est-ce pas déjà trop tard ?

Vis ma vie de chat

Alors, encore une fois, j’ai adoré cet opus de Cécile Alix. C’est extrêmement drôle, hyper bien écrit et inventif comme jamais. Les jeux de mots pleuvent et on en redemande.

Tout comme pour Tarzan, poney méchant, on retrouve le principe de la focalisation interne. En somme, l’histoire nous est racontée à travers les yeux et la pensée du personnage de Goliath. Et c’en est parfois hilarant. L’un de mes passages préférés (même s’ils sont légion), c’est la découverte de la fonction réflexive du miroir par Goliath. Alors qu’il y voit un autre chat « avec un air hyper intelligent, solidement charpenté, très beau« , la question qui se pose alors pour lui, c’est pourquoi Lou passe des heures à regarder un chat quand elle se prépare pour un rendez-vous avec un italien. Vous comprendrez aussi, au fil des pages, la raison pour laquelle nos amis les chats n’éprouvent pas un amour fou pour l’aspirateur. Vous apprécierez également la capacité d’analyse de Goliath qui, observant sa maîtresse, est capable de repérer ses symptômes amoureux : Lou fait le ménage de l’appartement à fond quand elle vient de quitter son petit ami et Lou leur prépare un gratin de macaronis aux calamars farcis quand elle en a trouvé un autre. D’ailleurs, Goliath,  il a les mêmes problèmes que nous tous. Ne lui dites pas qu’il a grossi car c’est faux : il est juste « solidement charpenté« , non mais des fois.

Goliath, c’est aussi un regard sans concession sur les autres représentants du règne animal. Bobdilan, le caniche du voisin, il le déteste d’autant qu’il prend son paillasson pour un urinoir. Pépère, le rat d’Eduardo, un ex de Lou, lui il est boutonneux et contagieux. Coconut, la perroquette (Attention à bien utiliser le féminin si vous ne voulez pas avoir de problèmes avec elle), il ne la sent pas trop au départ avant de trouver en elle une sorte de nouveau maître Po qui va l’aider (ou du moins essayer de l’aider) à trouver le chat sauvage qui sommeille en lui.

Mais Goliath, c’est avant tout un chat qui aime sa maîtresse et qui finira par réaliser que ce qui est bon pour elle l’est finalement aussi pour lui. Suffit simplement que chacun fasse des concessions. Tout comme Tarzan, Goliath n’est pas aussi méchant qu’il en a l’air, faut juste qu’on n’empiète pas trop sur son territoire et qu’on n’oublie pas son amour absolu pour le boucher du marché et les soirées foot (surtout le moment où le joueur envoie le ballon dans « l’épuisette géante« , vous comprendrez pourquoi en lisant le roman).

Voilà, je ne tarirai pas d’éloges pour ce roman qui, une nouvelle fois, est remarquablement écrit par Cécile Alix qui joue avec les mots à tout bout de champ pour le plus grand plaisir du lecteur (Vous trouverez notamment une liste impressionnante de potentiels noms originaux pour votre futur matou en fin de roman et très éloignés des traditionnels Minou ou Minette). A souligner également les illustrations drôlissimes de Louis Thomas qui apportent une dimension supplémentaire au texte. Félicitations encore à tous les deux pour ce travail de très grande qualité.

Si vous ne connaissez pas encore Tarzan ou Goliath, courez dès demain chez votre libraire préféré : ce sont des condensés de bonne humeur, ces deux zozos-là ! Je sais qu’il existe aussi un moustique du nom de Roméo dans la série mais je vous en parlerai sans doute le mois prochain. Faut faire durer le plaisir !

Cécile Alix, Goliath chat pirate, Editions Poulpe fictions, 2018.

(Illustrations : Louis Thomas)