Lecture 2018-50 : « Rendez-vous avec le crime » de Julia Chapman

Ma lecture du week-end s’est révélée plutôt agréable avec ce premier tome des aventures des détectives du Yorkshire de Julia Chapman.

Un speed-dating fatal

Delilah Metclafe avait tout pour réussir jusqu’au jour où son mari l’a quitté pour une jeune étudiante. La voilà avec, sur les bras, deux sociétés (une société d’informatique et une agence matrimoniale) pas très en forme financièrement. Seule solution pour s’en sortir : louer le rez-de-chaussée de son agence. Sauf que le locataire qui se présente n’est pas un inconnu à Bruncliffe. Samson O’Brien a, en effet, une sacrée réputation et son retour au village ne réjouit pas grand-monde. C’est encore plus le cas lorsqu’il décide de monter son agence de détective, preuve qu’il a l’intention de s’installer pour un moment. Et les événements semblent jouer en sa faveur quand la mort de plusieurs hommes du village commencent à semer le doute dans les esprits : suicide, accident ou bien meurtre ? La question se pose d’autant plus que les victimes sont toutes des clients de Deliah qui, bien que n’appréciant guère son nouveau locataire, va devoir s’allier à lui afin de résoudre cette enquête et, surtout, sauver sa boîte.

Une enquête so british

Voilà un roman aussi délicieux qu’une tasse de thé assorti de scones. On s’en délecte de la première à la dernière page sans éprouver aucun ennui. Les amateurs de la série Agatha Raisin y trouveront sans aucun doute une certaine ressemblance mais c’est tellement agréable à lire qu’on ne le reprochera pas à Julia Chapman.

On retrouve cette ambiance, presque en huis-clos, de ces histoires de village où tout le monde connaît tout le monde et où tous les ragots circulent à la vitesse de la lumière. Cela en devient parfois presque comique d’autant que l’auteur a réussi à créer toute une communauté de personnages à la fois émouvants, drôles et attachants. On a, par exemple :

  • le clan des Metclafe, ravagé par la mort d’un des fils Ryan, tué au combat. Ce clan où Delilah a un peu de mal à faire sa place tant ses frères, Ash et surtout Will, la surprotègent.
  • Les Capstick : Georges, le frère un peu neuneu, qui retrouve son âme d’enfant devant le premier tracteur venu et Ida, la sœur au cœur d’or, même si elle n’a pas sa langue dans sa poche. C’est sans doute l’un de mes personnages préférés.
  • Le jeune Danny Bradley qui fait ses armes de futur policier de grande envergure dans le dos de son chef, le sergent Clayon, qui n’y voit que du feu.
  • Caliméro, le chien de Delilah, quasi dépressif quand on le laisse seul.

Et j’en passe et des meilleurs. L’auteur dresse ainsi des portraits délicieux de personnages qu’on a vraiment envie de suivre, tant ils semblent proches de nous.

L’enquête en elle-même n’est pas d’une très grande originalité d’autant qu’on comprend assez facilement qui pourrait être à l’origine de ces meurtres et pour quelle raison (J’avais, toutefois, imaginé un épilogue un peu plus pervers, pour ma part). Ce n’est donc pas cela qui retient l’attention du lecteur mais plutôt quelques passages bien sentis comme la scène du biscuit pour chien, la séance de visionnage de la version britannique d' »Affaire conclue » à la maison de retraite ou l’histoire du boxer de Samson qui devient la préoccupation première de toute la gent féminine des environs. Ce sont des petits moments de bonheur sans prétention mais qui font du bien, tout simplement. Parce qu’on a aussi parfois besoin de ces petits instants de pur plaisir sans chichi ni tralala.

L’histoire est également celle d’un fils qui reprend contact avec un père alcoolique qui l’a chassé de chez lui après la mort de sa mère. La scène des retrouvailles est d’ailleurs très émouvante. En quête d’explications, Samson réalise finalement cette souffrance qui a dû être celle de Joseph à l’époque et, sans lui pardonner complètement, il se réconcilie avec lui simplement parce qu’il le voit à nouveau heureux (du moins en apparence) parmi ses nouveau amis du Fellside Court. Ce demi-pardon semble d’ailleurs se justifier à la fin du roman quand l’auteur nous laisse sous-entendre que nous ne savons pas tout de Samson et qu’il nous cache encore certaines facettes de son histoire qu’il n’est pas pressé de voir mises au jour. Voilà une bonne raison de découvrir très très rapidement le second tome de cette série.

Mes chouchous à moi

Sans aucun doute, c’est la bande des petits vieux de la maison de retraite de Fellside Court. De vrais gamins, amateurs de ragots et qui se disputent comme des chiffonniers bien qu’ils ne peuvent se passer les uns des autres. Ils constituent presque le centre névralgique du village car toute information semble passer par eux. Prions pour qu’ils soient au rendez-vous du second tome. Et n’oublions pas Ida qui est, sans aucun doute, le personnage le plus réussi du roman (Désolé ! Je me répète).

Au final, un polar plaisant à consommer sans aucun scrupule et sans modération.

Julia Chapman, Rendez-vous avec le crime, Eds Robert Laffont, Coll. La Bête noire, 2018

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